Portrait de Bertrand Exertier – Oser faire un pas vers sa voie de coeur.

Aujourd’hui, on découvre le parcours et la vision inspirante de Bertrand Exertier qui a suivi son coeur pour s’en aller vers le métier de ses rêves, celui de photographe.

Lorsque j’ai rencontré Bertrand pour la première fois, c’était sur un plateau télé. Je me sentais intimidée ce jour là. Et ce qui m’a marqué cette journée là, c’est toute la douceur, la gentillesse, la bienveillance qui se dégageait de Bertrand. Et aujourd’hui, nos chemins se rencontrent dans un contexte tout autre, dans lequel chacun de nous a fait le choix de suivre son coeur. Bertrand nous livre un témoignage qui nous rappelle que ça vaut toujours la peine d’oser faire un pas de plus vers ce à quoi on aspire.

“J’ai ressenti le besoin de tout changer ou presque de nouveau, d’écrire une nouvelle page. Et c’est comme ça que j’ai décidé de délaisser la recherche pour plonger dans la photo.

 Je souhaite que les gens vivent une émotion en voyant mes photos, que ce soit grâce à la lumière, au regard d’une personne, à cet instant figé dans le temps qui devient éternel en quelque sorte. On est dans une période de l’humanité où on a besoin de beau, de doux, de choses qui nous font rêver. Je me donne alors comme mission de faire rêver les gens avec mes photos, en faisant en sorte qu’ils sortent de leur quotidien quelques secondes.“

Parle-nous un peu de ton parcours et de ce qui t’a amené vers la photographie, cet art qui semble tant t’épanouir aujourd’hui ? Quel a été le déclic qui t’a permis d’oser faire ce pas vers ta passion ? 

Oh, par où commencer? C’est un peu le hasard qui m’ a mené vers la photo, comme le hasard et la passion m’ont mené à être recherchiste avant ça. Je suis arrivé au Québec pour un stage en créativité média à Astral en avril 2010. C’était un stage de fin d’études, des études où je me suis complètement perdu en France, où je suis né … Je rêvais de musique, d’arts, mais j’étudiais la gestion et le commerce. Un soir d’automne 2009, complètement perdu, j’écoute le DVD de Céline Dion du 400e de Québec et ce sont les mots de Céline qui ont été comme une révélation pour moi. Elle recevait un doctorat honorifique remis par l’Université Laval. En le recevant, elle dit : « une chose a guidé ma vie. C’est le désir de me dépasser et d’aller plus loin, au maximum de mes capacités, au bout de mes idées, de mes espoirs et de mes rêves ». J’étais dans ma chambre d’ado, je ne voyais pas d’avenir pour moi dans les Alpes où je  vivais, je travaillais au McDo de ma ville. Ce n’était pas la vie dont je rêvais. Alors les mots de Céline ont été pour moi, ce soir-là, la lumière dont j’avais besoin pour avancer, me dépasser et aller plus loin. Très loin même. Quand en arrivant à un cours quelques jours plus tard, le prof nous a parlé de la possibilité de faire un stage au Québec, j’ai vu ici ma porte de sortie et la façon de changer ma vie complètement.

Les premières semaines au Québec ont été difficiles, puisqu’avant ça, je n’avais jamais vécu dans un appartement (je vivais chez mes parents en France). J’avais 20 ans. Ce stage a changé ma vie. En 11 semaines, j’ai eu l’impression de prendre mon envol, de me découvrir. Je suis rentré en France après ça pour avoir un nouveau visa et revenir. C’est comme ça que je suis parti définitivement le 12 janvier 2011. Je me revois fermer la porte de ma chambre, comme on ferme la porte sur un chapitre de vie, en disant au revoir à l’adolescent et au jeune adulte perdu en moi.

Après avoir été chargé de projets en créativité média pendant un an, j’ai été recherchiste en radio puis en télé pendant 9 ans. J’ai travaillé sur les plus gros shows de TV, principalement en variété, où j’ai eu la chance de connaitre beaucoup d’artistes.

À travers tout ça, la photo est apparue naturellement. Étant un amoureux de Montréal, je prenais des photos des rues, des gens, simplement dans la rue. Plus j’avançais, et plus on me disait que mes photos étaient belles, avaient une histoire. Mon premier contrat « professionnel » a été de suivre Jean-Philippe Dion dans les coulisses de son premier gala Artis. Je mets des guillemets car j’avais seulement un iPhone pour faire les photos! Mais ça a fonctionné pareil! Je connaissais JP car je travaillais avec lui sur « Accès illimité » et il aimait mes photos donc c’était le premier contrat idéal. Je me suis équipé un an plus tard, avec une vraie caméra. Mais je continuais à être recherchiste à temps plein.

Et puis, un jour de novembre 2019, j’ai eu comme une révélation. Je suis allé récupérer l’iPhone que je venais de commander dans un centre de distribution au centre-ville. Le hasard a fait que ce centre était sur la rue de l’auberge de jeunesse où je suis arrivé, lors de mon stage en 2010, avec mon envie de tout réussir, de décrocher les étoiles. Presque 10 ans plus tard, je ne ressentais plus rien en dedans, plus de passion. J’étais alors chef-recherchiste pour un talk-show très attendu, où le travail n’arrêtait pas et avait beaucoup d’impact sur ma vie personnelle. La passion des débuts me manquait. J’ai ressenti le besoin de tout changer ou presque de nouveau, d’écrire une nouvelle page. Et c’est comme ça que j’ai décidé de délaisser la recherche pour plonger dans la photo. La pandémie a décalé un peu mon envol mais en mars 2021, j’ai fait le saut, sans le regretter.

Quelle est ton aspiration profonde au travers cette nouvelle voie professionnelle ?   

Mon aspiration est de garder la passion, d’avoir une vie plus équilibrée, même si je me rends compte que ça peut être un beau défi quand on commence un nouveau chapitre de vie. Je veux continuer de m’épanouir, créer mon style comme photographe à travers des concepts jamais vus auparavant. J’ai la chance d’être créatif, d’avoir des idées et de connaitre des artistes influents qui me font confiance. Par exemple, j’ai décidé de moderniser les personnages de Disney en les plongeant dans la vraie vie pour montrer ce que je veux faire par la suite : voir l’extraordinaire dans ce qu’il y a parfois de plus ordinaire … C’est pour ça qu’une photo dans le métro peut être assez « anodine » mais avoir Véronique Cloutier qui pose dans le métro, en étant une version moderne de Cendrillon, il y a quelque chose d’extraordinaire. Le personnage de demain posera dans un magasin de chaussures de la Plaza St-Hubert. Je serais curieux de savoir s’il y a déjà eu une personne qui est passée dans ce magasin en se disant « c’est l’endroit parfait pour un shooting glam ici ». Encore une fois, je vois l’extraordinaire dans des lieux qui peuvent sembler ordinaires. Pour ce projet, j’ai eu la chance d’avoir le soutien de 13 artistes incroyables! Et vous le verrez demain quand la 3e photo sortira, prise dans un magasin de la Plaza St-Hubert, c’est toute une chanteuse qui a accepté mon invitation! 

Quelles sont tes valeurs fondamentales, celles qui constituent le pilier de chacune de tes décisions personnelles ou d’affaires ? 

Définitivement, la passion! Si je ne ressens rien à l’intérieur, pas d’émotion, ça veut dire que ce n’est pas pour moi. Quand je fais une photo avec quelqu’un, j’ai remarqué que je dis souvent « Ok wow c’est malade ». Ça fait souvent rire la personne en face mais c’est vrai, rien n’est « stagé » dans ma réaction! C’est juste que j’ai énormément de plaisir à faire ça et je le fais avec tout mon cœur.

Que souhaites-tu que tes photos reflètent comme message, comme émotions ? 

 Je souhaite justement que les gens vivent une émotion en voyant mes photos, que ce soit grâce à la lumière, au regard d’une personne, à cet instant figé dans le temps qui devient éternel en quelque sorte. On est dans une période de l’humanité où on a besoin de beau, de doux, de choses qui nous font rêver. Je me donne alors comme mission de faire rêver les gens avec mes photos, en faisant en sorte qu’ils sortent de leur quotidien quelques secondes.

On ressent la bienveillance et la conscience dans ton approche, ton état d’Être. Comment définirais-tu la notion de conscience en affaires ? 

Je pense qu’on se doit d’être à l’écoute quand on est en affaires, que la business ne doit pas tout contrôler, tout dicter. Il faut rester humain avant tout, même si parfois, la business reste la business et qu’il faut savoir rester ferme sur quelques conditions. Je trouve en fait que c’est le plus « difficile » d’être seul pour tout faire, même si je commence et je sais que c’est normal. J’ai l’impression d’être un peu le manager et l’artiste en même temps, et j’avoue que la négociation de contrats/conditions n’est pas mon point fort. Je rêve de trouver mon René pour m’aider à aller toujours plus haut.

Quelle est ta vision quant à ce que la photographie peut apporter à l’être humain, à la société, à la culture, à tous niveaux ? 

La photographie est pour moi l’art de figer un instant dans le temps, d’immortaliser un instant qu’on ne revivra plus jamais de notre vie. Les photos ont le pouvoir de rendre des moments éternels. En plus de ça, la photographie (encore plus la photo journalistique) a le pouvoir de faire réfléchir la société sur des enjeux qui nous concernent tous, comme les conditions inhumaines de certains peuples à travers le monde, les enjeux climatiques aussi. J’ai d’ailleurs un concept en tête pour sensibiliser les gens à l’importance de changer nos habitudes de vie pour lutter contre les changements climatiques. Selon moi, c’est vraiment la lutte de notre génération mais les choses n’évoluent pas assez vite. On doit tous mettre la main à la pâte, à notre échelle, pour y arriver. Rien n’est impossible et je me force à croire qu’il n’est pas trop tard.

Lorsque tu entres dans une démarche pour photographier une personne, comment t’y prends-tu pour comprendre et ressentir ses besoins, ses envies ? 

En fait, le plus important est que la personne se sente à l’aise. Donc j’ai une approche calme, humaine, pour que la personne se sente à l’aise, prête à se laisser aller pour que ça donne des photos simples et lumineuses. Je m’intéresse à l’humain derrière la personne, que ce soit une personnalité ou non. Par exemple, quand j’ai fait les portraits de Mika en coulisses de Star Académie, j’ai eu 3 minutes pour faire ses photos. On ne se connaissait pas mais j’ai été calme, le plus en contrôle possible, en lui disant rapidement ce que je voyais comme photo. J’ai la chance de voir rapidement une photo dans ma tête quand j’arrive dans une pièce. C’est comme si les photos m’apparaissaient sous forme de « visions ». Pour revenir à Mika, en faisant ses photos, je ne photographiais pas l’artiste qui a vendu des millions de disques à travers le monde mais l’humain qui allait se mettre à nu avec un numéro époustouflant sur scène, quelques minutes plus tard. Et pour revenir à ta question, je te dirais que maintenant, avec mon style qui se définit de plus en plus, les gens s’attendent aussi à un style de photos de ma part, avec un concept caché dans le fond de ma tête.

Dans ce parcours vers le plein accomplissement de ton rêve, quels sont les plus importants défis que tu as rencontrés et qu’est-ce qui t’a motivé à rester sur ce chemin ? 

C’est bizarre à dire mais je n’ai pas eu l’impression d’avoir eu à relever d’importants défis puisque la vie est vraiment bonne avec moi. J’ai eu des petites déceptions par contre, avec des shootings photos qui n’ont pas aboutis. Mais dans ce cas-là, je ne m’en fais pas et je me dis simplement que ce n’était pas dû pour arriver maintenant, tout simplement. Par exemple, j’avais une idée de photo-concept pour Céline Dion. J’étais en contact avec une personne de sa garde rapprochée. Finalement, le tout n’est pas arrivé mais ça ne m’a pas dévasté. Je me suis juste dit que ce n’était pas pour cette fois car je le sais au fond de moi que ce jour arrivera, qu’un jour, je ferai des photos avec Céline. À ce moment-là, après le shooting photo, la remercierai probablement d’avoir été cette lumière à une période de ma vie où j’en avais le plus besoin. Ce jour-là, je sais que ce sera un tournant dans ma carrière, dans ma vie et qu’après ça, j’irai encore plus haut car j’aurai réalisé mon plus grand rêve, prêt à réaliser d’autres accomplissements. Dans ma vie, je n’ai pas l’habitude de me décourager, je ne renonce pas facilement. C’est dans mon tempérament. Je sais présentement que je suis sur le bon chemin, et je suis bien décidé à avancer le plus loin possible, en ne cessant d’y croire. Car si on ne croit pas nous-mêmes en nos rêves, qui peut le faire à notre place?

Dans ton cœur, qu’est-ce que cela représente pour toi le succès, la réussite ? 

C’est certain que ça a son importance car c’est à ce moment-là qu’on réalise l’accomplissement, le chemin parcouru. Par contre, c’est vraiment la passion qui dicte tout pour moi. La passion et mes intuitions aussi qui me dictent très souvent la voie à prendre.

Si tu avais à donner un conseil à une personne qui est bien dans ce qu’elle fait mais qui aspire à suivre sa passion pour en faire son métier, que lui dirais-tu ? 

Je lui partagerais la phrase que j’ai vue sur un écriteau, que j’ai acheté dans une boutique à New York. C’était inscrit : « Great things never came from confort zones ». Ça a vraiment dicté ma décision de tout changer et d’écrire une nouvelle page pour aller plus haut. J’ai placé cet écriteau dans ma bibliothèque chez moi pour ne jamais oublier.

Et pour finir, un outil utile à partager aux lecteurs de So & Co?

J’aimerais partager un livre qui m’a inspiré dans ma vision de voir l’extraordinaire dans nos vies parfois ordinaires. C’est le livre du grand Peter Lindbergh, « On fashion photography ». Au cours de sa vie, il a pris en photo les plus grandes stars de la planète, il a laissé sa trace comme artiste et comme humain. Et c’est exactement ce que je souhaite faire. 

Pour en découvrir davantage sur Bertrand, c’est ici:

https://www.instagram.com/bertexertier/

 

 

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