Nous ne sommes pas des imposteurs.
Encore hier, je me suis laissée prendre par un tourbillon existentiel, à me demander si je réussirai un jour à me libérer de ce maudit syndrome de l'imposteur.
Vous savez, cette sensation inconfortable de ne jamais être à la hauteur, de toujours craindre de décevoir, de ne pas faire assez.
Ça vous dit quelque chose?
Ce sentiment qui s’immisce, chez moi, dans chaque interstice possible.
Cette appréhension quasi constante de ne pas être assez juste, de ne pas donner, servir assez.
Alors, je m’acharne, je m’épuise parfois encore à prouver… mais à qui, au juste?
Quand on commence à remettre en question sa propre valeur à chaque instant, chaque projet, c'est un vortex sans fin.
Comment alors changer de regard pour traverser la vague?
Pour moi souvent, c'est de sortir du « je » pour revenir au « nous », de cet élan malsain de perfection à des actions maladroites mais des actions quand même, de la peur paralysante à une exploration curieuse.
Parce qu’au fond, je réalise comme ce sentiment d’imposture perd de son emprise lorsque que je me concentre sur le collectif, sur ce qu'on construit ensemble, sur le projet commun que ça suppose.
Quand je me mets à penser en termes de collaboration, je ressens à quel point toutes ces angoisses prennent soudainement moins de place.
Le syndrome de l'imposteur et moi, on en vient à s'apprivoiser.
Il n'est alors plus question de se libérer de quelque syndrome que ce soit, de prouver quoi que ce soit, mais de faire de son mieux, individuellement et collectivement.
Et au lieu de rester figée par la peur, je me mets en mouvement, les mains dans le chaos, j'expérimente, je tente.
Oui, je doute.
Oui, j’hésite.
Il m’arrive même de reculer.
Hier encore, j'ai eu envie de reculer, de faire "tomber à l'eau" le projet que je veux amener cet automne.
Mais c’est aussi dans cet inconfort, ces valses émotionnelles, qu'à chaque fois, je me surprend à retrouver une dose de courage.
En acceptant à nouveau l’idée que l’erreur fait partie du chemin, que la résistance aussi, interne ou externe.
Je ne suis peut-être pas une imposture.
Mais simplement quelqu’un qui essaie.
Quelqu’un qui se trompe, qui réessaie encore.
Un doute qui se transforme en un élan de création, en une opportunité de faire autrement, en la possibilité d’ouvrir de nouvelles portes tout en restant humble et ouverte.
Alors, parfois, comme ce matin, au lieu de m’acharner à prouver ma valeur, je choisis de la vivre, l’incarner dans mes actions, aussi imparfaite soit-elle.
Je m'autorise à douter, à trébucher, mais surtout à poursuivre, malgré tout.
Un pas à la fois, mais si ça veut dire, un pas de recul.
Ce petit mot du jeudi est peut-être alors un acte de résistance face à ce syndrome de l'imposteur, mais surtout, un éloge à ces doutes qui nous bouleversent.
À ces vertiges qui sont peut être un tremplin vers des inattendus joyeux.
Un trampoline émotionnel qui nous garde humblement en mouvement.