Portrait de Clara des Productions Fil d’Or - l’art comme porte vers l’éveil des consciences
Aujourd’hui, j’ai la grande joie de vous présenter Clara, des Productions Fil d’Or, une humaine et artiste qui m’inspire à tout niveaux et qui de part son art, tente de créer un lien, “un trait d’union” comme elle le dit si bien et de participer à sa façon, aux discours présents dans la société.
En plus de son grand talent d’actrice et de productrice, elle dégage cette énergie de douceur et de bienveillance qui charme l’âme.
“Les projets de Productions Fil d’or sont des tentatives de créer un trait d’union, de participer aux discours présents dans la société. Je souhaite articuler un langage qui puisse transcender les barrières culturelles, intellectuelles, sociales et politiques, qui puisse s’adresser à l’essence commune à chaque être humain. Sans prétendre connaître ni maîtriser un tel langage, je suis en constante recherche et doucement, création par création, je construis un vocabulaire qui se veut de plus en plus authentique, intime et donc, je l’espère, universel. “
Parles-nous un peu de la création de Productions Fil d’or, du déclic qui t’a amené à concrétiser le projet ?
Au départ, c’était le désir d’avoir une certaine autonomie dans la pratique de mon métier. De ne pas devoir constamment attendre un « oui » de l’extérieur pour travailler. Mais c’est rapidement devenu bien plus que ça : la création et l’écriture sont maintenant une nécessité pour moi. Une hygiène de vie, une façon d’appréhender le monde et d’essayer de le comprendre.
Quelle est ta mission, ton aspiration profonde au travers ton projet entrepreneurial ?
Les projets de Productions Fil d’or sont des tentatives de créer un trait d’union, de participer aux discours présents dans la société. Je souhaite articuler un langage qui puisse transcender les barrières culturelles, intellectuelles, sociales et politiques, qui puisse s’adresser à l’essence commune à chaque être humain. Sans prétendre connaître ni maîtriser un tel langage, je suis en constante recherche et doucement, création par création, je construis un vocabulaire qui se veut de plus en plus authentique, intime et donc, je l’espère, universel.
Quelles sont tes valeurs fondamentales, celles qui constituent le pilier de chacune de tes décisions personnelles ou d’affaires ?
J’ai réalisé qu’en initiant des projets, j’avais un contrôle plus grand sur les changements que je peux apporter à plusieurs niveaux, comme par exemple l’atmosphère de travail, la façon de traiter les artistes et concepteurs, les matériaux utilisés pour les décors, etc. Donc au lieu de reproduire les modèles déjà établis sans réfléchir, j’essaie de voir comment chaque décision peut être orientée vers plus de respect, de générosité, d’inclusivité, de chaleur, d’unité, de conscience environnementale, etc. Je consulte avec plusieurs personnes, tant avec des membres de ma famille qu’avec des collègues, dès qu’une nouvelle question se pose : la multiplicité des points de vue m’aide à aborder chacune d’elle avec plus de nuances et de profondeur. La plupart du temps, tout le monde finit par arriver à la même réponse et c’est souvent signe que c’est la bonne. Pour le moment, du moins.
Tu es également actrice et productrice. Comment parviens-tu à trouver l’harmonie, l’équilibre, entre tous ces beaux projets tout en prenant du temps pour toi?
C’est un défi constant, mais j’essaie de ne pas créer de fausses dichotomies, de voir les différents aspects de la vie comme un tout organique qui se nourrit de chacun d’eux. Par exemple, lorsque je suis dans une période où le travail prend beaucoup de place, au lieu de culpabiliser parce que je ne trouve plus de temps pour moi et pour les autres, j’essaie d’être réellement présente à mes collègues et de développer des liens solides et durables avec eux, j’essaie d’être à l’écoute de ce qui se passe à l’intérieur de moi « pendant » que je suis au travail et de ne pas attendre d’ « avoir du temps » pour le faire. Inversement, quand je traverse des périodes moins occupées au niveau professionnel, j’en profite pour me ressourcer, prendre soin de mon entourage et d’être au service de ma communauté le plus possible, tout en sachant que tout ça ce sera très nourrissant pour les futurs projets auxquels je participerai.
Aussi, je me rends de plus en plus compte que prendre soin de quelqu’un ou d’un projet, quand l’amour et l’écoute sont réellement le moteur (et non pas le désir de plaire, la performance, etc.), c’est également prendre soin de soi. Et prendre soin de soi, c’est se préparer à être plus présents aux autres. Ça aussi, c’est une fausse dichotomie que j’essaie de déconstruire.
Le nom Production Fil d’Or, peux-tu nous expliquer la signification derrière ces doux mots ?
Voici une petite histoire que j’avais écrite lors de la fondation de la compagnie et qui explique bien pourquoi « Fil d’or » :
Productions Fil d’or, c’est d’abord l’histoire d’une petite fille de six ans qui en est à sa deuxième année de maternelle. Oui, vous avez bien compris, elle refait sa maternelle, car « elle ne fait pas ses siestes », « elle est allée trois fois chez la directrice aujourd’hui » et « on l’a surprise en train d’embrasser deux garçons dans les casiers ce matin ». C’est vrai, elle a fait tout ça, et même plus ; elle a frappé Michaëla, la nouvelle plus jeune, plusieurs fois cette semaine.
C’est que l’année précédente, à son tout premier jour d’école, elle a vite compris qu’à partir de maintenant, l’amour aurait des limites et rimerait avec « si ». Tout d’un coup, elle a eu peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être rejetée, peur de ne pas être aimée. La peur est un moteur puissant qui nous pousse à faire bien des choses.
Cette petite fille, appelons-la Clara, entame donc sa deuxième année de maternelle dans la classe de Madame Suzanne. Madame Suzanne, c’est un peu grâce à elle qu’il y a une histoire, celle que l'on vous raconte, parce qu’un beau matin, elle arrive avec un petit conte qu’elle a écrit sur mesure pour Clara. En le remettant à ses parents, elle conseille de le lire chaque matin et chaque soir pendant un mois.
Le conte s’intitule « Le fil d’or » et raconte l’histoire d’une petite fille qui, pendant son sommeil, reçoit la visite d’une fée. Celle-ci lui remet une pelote de fil d’or en lui promettant qu’il la conduira vers un royaume étincelant; à condition de le suivre précisément et de ne jamais s'en détourner. Curieuse, la petite fille décide donc de parcourir le monde à la recherche de ce royaume. Plusieurs fois, elle cesse de tenir le fil d’or pour suivre des personnages ou des animaux qui l’attirent hors du sentier et se perd complètement. Mais chaque fois, dès qu'elle ferme les yeux à tout ce qui l'entoure et bouche ses oreilles au bourdonnement du monde, une mélodie irrésistible la reconduit vers le fil d’or.
Le lendemain et tous les jours qui suivent, pendant plusieurs années, lorsque Clara part pour l’école, sa mère l’embrasse et lui chuchote au creux de l’oreille : « Tiens bien ton fil d’or ».
Productions Fil d’or, c’est ensuite l’histoire de la petite Clara devenue grande qui, parcourant toujours le monde, rencontre sur son chemin, Rebecca. Elle aussi, c’est une apprentie funambule qui tente tant bien que mal de rester sur son fil.
Le royaume dont parlait Madame Suzanne, c’est l’étincelle qui se crée lorsque deux fils se touchent, lorsque l'authenticité d'une personne rencontre celle de l'autre.
Va savoir pourquoi, Rebecca et Clara sont au diapason ce jour-là. Bien souvent, elles sonnent faux et sont très mal accordées, mais ce jour-là, elles sont au centre, en plein dessus.
L'intégrité ne tient qu’à un fil; le désir de plaire, la peur d’être rejeté ne sont jamais bien loin.
Productions Fil d’or, c’est la volonté de créer des étincelles, des rencontres de l’âme. De présenter des projets qui sont en lien avec nos aspirations les plus profondes.
Productions Fil d’or, c’est la promesse de suivre, le plus précisément possible, le fil de sincérité qui est en nous.
On ressent la conscience au travers ton état d’Être au complet. Comment définirais-tu la conscience en affaires ?
On doit ressentir chez-moi davantage la recherche de conscience que la conscience elle-même. Car c’est un processus constant et ardu, et je pense qu’on ne l’atteint jamais réellement tout-à-fait. En affaires comme dans les autres aspects de la vie, je crois que la conscience consiste à examiner constamment la portée de nos intentions, de nos paroles et de nos actions. Est-ce qu’elles contribuent à l’amélioration du monde ou non? Si non, de quelles manières peut-on modifier notre schéma de pensée et/ou nos comportements? La psychologie, la spiritualité, la philosophie, l’éducation, l’art, les discussions substantielles sont des outils qui peuvent nous aider à acquérir plus de conscience, un pas à la fois.
Quelle est ta vision quant à ce que l’art peut apporter à l’être humain, à la société, à la culture, à tous niveaux ?
Je crois que l’art est un moyen d’entrer en relation. Qu’il permet de renforcer en nous le désir de se lier, de s’unifier. C’est un moteur d’empathie qui nous amène à nous reconnaître en chaque individu, peu importe son genre, ses origines ou sa classe sociale. En nous invitant ainsi à ressentir des émotions qui favorisent l’union et l’amour au sein de la société, je pense vraiment que l’art peut devenir un moyen de perfectionnement pour l’humanité.
Il a également le pouvoir de nous faire comprendre certains concepts par le cœur et non par la tête, le rationnel. L’art est donc essentiel, selon moi, pour les êtres sensibles que nous sommes. D’une certaine manière, il a le pouvoir de changer nos actions, car c’est par le senti que nos comportements changent.
Au travers ce projet, quel message souhaites-tu profondément transmettre aux générations de demain ?
Je ne sais pas si c’est un message plus qu’un sentiment. Je souhaite apporter plus d’amour, plus d’empathie, plus d’unité. Ce n’est pas une mince tâche, mais en tout cas, je travaille dans ce sens-là.
Qui est l’équipe derrière Production Fil d’Or ?
J’ai fondé la compagnie en 2015 avec la comédienne et créatrice Rebecca Vachon, ainsi que le musicienne Lucie Dubé, qui est également ma mère. Sophie Parenteau et Maxime Séguin-Durand se sont plus tard joint à l’équipe. Pour des raisons personnelles, Rebecca et Sophie ont récemment décidé de poursuivre leur chemin professionnel sans Productions Fil d’or. Mais elles ont énormément apportées à la compagnie.
Alice Moreault, comédienne sur la prochaine pièce de théâtre qu’on va produire, m’aide présentement avec le financement et la paperasse administrative.
J’ai aussi un solide conseil d’administration, composé de huit membres très impliqués.
Sans oublier ma famille et mon entourage qui sont extrêmement présents et généreux.
Dans ton parcours de création d’entreprise, quels sont les plus importants défis que tu as rencontrés et qu’est-ce qui t’a motivée à rester sur ce chemin ?
La recherche de financement est un perpétuel défi. C’est la partie de mon travail qui me gruge le plus d’énergie et pour laquelle j’ai le moins de compétences, mais quand je pense aux artistes qui seront bien rémunérés et à tous les projets stimulants que je pourrai développer grâce aux différentes sources de financement, ça me donne la motivation nécessaire pour continuer.
Dans ton cœur, qu’est-ce que cela représente pour toi le succès, la réussite ?
Le succès et la réussite sont pour moi étroitement liés à l’intégrité. Peu importe ce qu’on entreprends, si on arrive à rester intègre, tant dans les moyens employés que dans la finalité, c’est un succès. Indépendamment du regard que les autres peuvent porter sur cet accomplissement.
Si tu avais à donner un conseil à un entrepreneur en démarrage, quel serait-il ?
Je pense qu’il peut être utile de questionner d’emblée les motivations véritables qui nous poussent à démarrer un projet, avec sincérité et transparence. Elles peuvent changer et évoluer avec le temps, bien sûr, et c’est un exercice qu’il faut faire régulièrement. Mais quand les motifs sont superficiels ou ancrés dans le regard des autres, je ne crois pas que le chemin entrepreneurial risque d’être heureux. Si au contraire, les fondations sont solides et les aspirations profondes, être entrepreneur.e peut être une source infinie de joie et de liberté, malgré les pièges et les difficultés qui vont inévitablement surgir.
Et pour finir, un outil utile à partager aux lecteurs de So & Co?
« Lettres à un jeune poète » de Rainer Maria Rilke.
Voici un petit extrait qui donne envie de lire la suite :
« Le temps n'est plus alors une mesure appropriée, une année n'est pas un critère, et dix ans ne sont rien ; être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir. Or il viendra pourtant. Mais il ne vient que pour ceux qui sont patients, qui vivent comme s'ils avaient l'éternité devant eux, si sereinement tranquille et vaste. »