Portrait de Federico Puebla- créer un environnement de travail plus inspirant et bienveillant.
Aujourd’hui, on découvre l’histoire et la perspective inspirante de Federico Puebla, un entrepreneur passionné et passionnant, déterminé à mettre en place des initiatives pour créer des environnements plus inspirants et bienveillants au travail. Il a cette croyance profonde que notre génération est prête à agir pour le mieux être et vivre ensemble et met à notre disposition, tous les outils intérieurs et concrets pour guider les organismes qu’il accompagne à adopter une dynamique plus consciente.
“L’ADN de Créativité Québec et d’inspirer les gens à croire que le génie humain est plus grand qu’eux . Même avec peu de moyens, nous avons tout ce qu’il faut en nous pour créer une société plus humaine, inclusive, productive et rayonnante. Bien choisi, un mot, une image, un geste peut amorcer une transformation. Je crois que nous avons tout ce qu’il faut au Québec. Nous aspirons à contribuer à cette transformation culturelle.”
Parles-nous un peu de la création de ton entreprise et du cheminement intérieur qui t'a amené à créer ce projet de cœur ?
En prêtant moindrement attention au monde actuel, à cette polarisation profonde et la complexité de systèmes actuels, je me suis dit qu’il fallait mieux préparer les prochaines générations aux défis qui les attendent.
Je crois tellement en cette nouvelle génération. Je trouve qu’elle est sensible aux enjeux sociaux et environnementaux, empathique et trop hâtivement jugée. Sans l’avoir demandé, elle hérite d’une planète polluée, fragile et de systèmes d’organisation sociale à géométrie variable.
Je me suis donc mis à réfléchir sur une solution de type cours en ligne en parascolaire se concentrant exclusivement sur les habiletés et compétences qui sont peu ou pas enseignées : empathie, pensée critique, résilience, story-telling, impact, etc. C’est comme ça qu’est né Créativité Québec. De cette profonde conviction que nous avons l’obligation morale d’outiller nos jeunes afin de répondre aux défis colossaux qu’ils rencontreront lors de ce 21e siècle.
Comment ton histoire de vie a teinté et teinte encore tes décisions d'affaires ?
Je crois que le meilleur conseil en affaires est d’assumer et célébrer qui nous sommes. Dans mon cas, j’ai compris que je suis quelqu’un de très sensible, mais que la sensibilité pouvait être une force dans ma vie.
Bien canalisée, elle permet de voir le non-vu, d’apercevoir le non-perçu. J’ai compris qu’à contrario des modèles dans lequel les petits garçons de ma génération ont été élevés, courage et sensibilité peuvent être conjugués dans la même phrase.
J’ai immigré au Canada en tant que réfugié politique à l’âge de 12 ans. Recommencer sa vie de zéro est un cadeau de la vie qui m’a forcé à concilier ce que je ne peux contrôler (les aléas de la vie) et les éléments dont je suis en contrôle (ma posture face aux évènements)
Donc, à chaque décision critique, je me force d’écouter cette petite voix intérieure. C’est une discipline de vie.
Quelle est ton aspiration profonde au travers ton entreprise ?
L’ADN de Créativité Québec et d’inspirer les gens à croire que le génie humain est plus grand qu’eux . Même avec peu de moyens, nous avons tout ce qu’il faut en nous pour créer une société plus humaine, inclusive, productive et rayonnante. Bien choisi, un mot, une image, un geste peut amorcer une transformation. Je crois que nous avons tout ce qu’il faut au Québec. Nous aspirons à contribuer à cette transformation culturelle.
Quelles sont tes valeurs fondamentales, celles qui rythment tes décisions dans la vie comme dans le milieu du travail ?
Authenticité et intégrité. Une personne m’a déjà dit : do the right thing even when the right thing is the hard thing. Ça m’est toujours resté dans la tête.
On ressent que la conscience a une place très importante pour toi. Comment définirais-tu la conscience en affaires et dans la vie en général ?
Je crois que parmi les « bugs » que nous avons hérité de notre biologie, le plus important est l’égo. Il a certainement eu un rôle à jouer et ça prend un certain égo pour être un acteur de changement. Cela dit, ce n’est pas l’égo qui forme notre tissu social, c’est notre conscience collective qui tisse ses filaments.
Chez certaines tribus africaines, il y a cette philosophie de vie appelée Ubuntu. Vivre Ubuntu veut littéralement dire que nous n’existons qu’en relation avec les autres. « I am because of you ». Quand mon confrère souffre, je souffre. Quand ma consœur réussit, je réussis. Voilà un bel exemple de conscience collective.
Quelle est ta vision quant à ce qu'une culture d'entreprise et un leadership plus bienveillant peuvent apporter au monde de demain ?
Je crois que les modèles qui nous cadrent dictent nos actions. Si nous adhérons collectivement à la fiction d’une culture basée sur la croissance et les égos, il est inévitable que le volet humain soit un frein au modèle.
Être leader de changement c’est oser vivre d’autres modèles de gestion. C’est créer une culture dans laquelle tout le monde se sente à l’aise de lever la main et dire « je ressens un doute » ou « pourquoi c’est ainsi? ». C’est donner la place à apprendre, c’est créer un « safety net » pour explorer de choses, c’est célébrer le « purpose » qui nous a réussi ensemble en premier lieu. C’est avoir le courage de dire « je ne connais pas la réponse, mais je suis convaincu qu’ensemble nous allons trouver ».
Dans ton parcours vers la concrétisation de ce projet de cœur, quels sont les plus importants défis que tu as rencontrés et qu’est-ce qui t’a motivé à poursuivre ce chemin ?
En dehors des défis extrinsèques comme les moyens, c’est de garder le cap et la motivation dans les moments de crevasses. Parfois nous avons l’impression de tout conspire contre nous, que notre projet n’est peut-être pas dû. Que nous ne sommes pas la bonne personne pour le porter. Se parler, de donner une bonne claque et continuer, à chaque jour +1%. Aucune tempête a duré pour toujours, aucun hiver a perduré ad vitam aeternam. Le soleil revient tôt ou tard et, avec ce dernier, un nouveau regard s’impose, une allure d’espoir resurgit.
Dans ton cœur, qu’est-ce que cela représente pour toi le succès, la réussite ?
C’est de voir l’entraide dans mon équipe. Voir des leaders de créer autour de moi. Avoir l’impression que je n’ai plus besoin d’être là. De les voir avoir du plaisir entre eux. De voir la solidarité s’installer. Vivre l’Ubuntu.
Quels sont les projets qui se préparent de ton côté ?
En dehors de Créativité Québec, je travaille un mini documentaire et l’écrire d’un 2 deuxième livre.
Si tu avais à donner un conseil à un entrepreneur ou intrapreneur qui a ce désir de se lancer en affaires ?
L’outil le plus puissant de tout entrepreneur au sens large réside dans la qualité de questions qu’il est capable de se poser. Ça prend des questions puissantes et de qualité.
Ce n’est pas « quel produit pourrais-je lancer ? », c’est « quel impact aimerais-je avoir ? »
Ce n’est pas « dans combien de temps deviendrais-je millionnaire ? », c’est « qu’est-ce que la richesse à mes yeux ? »
Une fois cette « entente » claire dans son esprit, le chemin sera relativement plus facile à concilier.
Et pour finir, un outil utile, une inspiration à partager aux lecteurs de So & Co ?
« I don’t know where we’re going, but I know exactly how to get there.”
Quand on s’y arrête à réfléchir à cette phrase, il y a des implications très profondes. Je trouve qu’elle résume à merveille les dynamiques de l’innovation.
La citation vient du livre “The Lion Tracker’s Guide to Life » de Boyd Varty. Un de meilleurs livres que j’ai lu de ma vie. On y apprend la sagesse de ces hommes en pleine harmonie avec la nature et son vivant. Des leçons transmises parfois depuis, non pas de générations, mais depuis les premiers Hommes à avoir marché en Afrique.
Voici une excellente entrevue avec l’auteur par Tim Ferris :
https://www.youtube.com/watch?v=CK2UaaOqbl0